Le mandala : à faire tourner la tête

Aujourd'hui, quand on veut en savoir plus sur l'organisation du monde, on s'adresse plutôt à un scientifique. Mais pendant des siècles les hommes pensaient que l'Univers, avait été créé par un ou plusieurs dieux (selon les religions). Faute de pouvoir le prouver scientifiquement, les religieux eurent recours à des dessins pour expliquer l'ordre du monde et la place des humains sur la Terre. C'est ainsi que sont nés ces images plus ou moins géométriques que l'on appelle les mandalas.

Le mandala : à faire tourner la tête
© Hugo l'escargot

Pourquoi sont-ils ronds ?

Les plus connus sont les mandalas utilisés dans la religion bouddhiste et hindouiste. Le mot "mandala" est un terme sanskrit (une langue autrefois parlée en Asie du Sud y compris en Inde) qui signifie "cercle". Mais en réalité, ils ne sont pas tous ronds. Par contre, ils ont un point commun : ils se présentent sous la forme de dessins organisés à partir d'un point central (comme pour le cercle).

Alors, pourquoi sont-ils organisés à partir d'un point central ?

Il existe de nombreuses interprétations, mais on peut en retenir trois principales :
- Le centre symbolise un dieu à partir duquel se développe chaque chose. C'est le point de départ de la création du monde divin (créé par un dieu).
- Le centre symbolise l'individu. Au centre du cercle se trouve l'humain ordinaire et ignorant tandis qu'à l'extérieur se trouve celui qui a compris le message des dieux.
D'ailleurs dans les mandalas tibétains, le centre représente l'enfant qui vient de naître tandis que l'extérieur représente l'être achevé (l'adulte).
- Le centre symbolise l'axe du monde. C'est le point d'équilibre du monde ou de l'individu (l'équilibre entre son corps et son esprit).
Par conséquent, quelle que soit l'interprétation, le centre est toujours le point de départ de toute chose et les mandalas traditionnels évoquent toujours les liens existant entre le Cosmos, Dieu et l'Humain.

Pourquoi a t-on choisi cette forme ?

Sans doute parce que l'organisation depuis un point central existe en nous (l’œil, les cellules) et autour de nous (la fleur de marguerite, une demi-orange, un tronc d'arbre coupé, la toile d'araignée). Notre système solaire aussi s'organise autour d'un point central (le soleil est au centre et les planètes tournent autour). 
On retrouve d'ailleurs ce plan organisé depuis un point central dans de nombreuses croyances à travers le monde et sous différentes formes.

© Hugo l'escargot

Ainsi, si vous consultez un chaman amérindien, c'est-à-dire un indien d'Amérique à la fois guérisseur et voyant, il dessinera sans doute sur le sol, avec des pierres, ce qu'il appelle une "roue de médecine". Selon lui, l'interprétation de cette roue l'aidera à vous guider dans la vie pour trouver la paix intérieure et le sens de votre existence. 
Par ailleurs, si vous entrez dans une église, vous pourrez voir des vitraux sur les murs appelés rosaces et des labyrinthes dessinés au sol. Ils symbolisent la quête du monde spirituel et le long chemin tortueux qu'il faut parcourir pour atteindre et comprendre Dieu.
Et puis vous trouverez également des sortes de mandalas de pierre, appelés "stupa", au sommet du temple bouddhiste de Borobudur (sur l'île de Java, en Indonésie), autour desquels vous tournerez.
Enfin, si vous regardez danser un derviche tourneur (un religieux turc), vous constaterez qu'il le fait en tournant sur lui-même, sur son axe en quelque sorte. 

Mais à quoi ça sert finalement de tourner en rond ?

Les derviches tourneurs expliquent que leur danse est une sorte de pont qui les aide à se rapprocher de Dieu.

© Hugo l'escargot

Au Tibet, les moines bouddhistes construisent des mandalas de sable appelés "Dul-Tson-Kyll-Khor" que l'on traduit par "mandala de poudres colorées". Ce sable est le plus souvent du marbre blanc réduit en poudre et teint ; mais les moines utilisent aussi des fleurs, des herbes, des graines ou des cailloux colorés, réduits en poudre.
Pour débuter, ils tracent une figure géométrique à l'aide d'une règle, d'un compas et d'une plume à encre blanche sur un support plat de couleur sombre. Ils déposent ensuite le sable coloré sur le support avec le bout d'un entonnoir de métal connu sous le nom de "Chang-Bu". Ils commencent toujours depuis le centre du dessin vers l'extérieur. Ils n'inventent pas les décors mais reproduisent des motifs géométriques et des symboles qui leur ont été enseignés.
Lorsque le mandala est terminé, ils le détruisent en balayant le sable de l'extérieur vers l'intérieur avant de le jeter dans un cours d'eau, en guise d'offrande. 

Vous l'avez sans doute compris, les moines ne font pas ces mandalas de sable seulement pour le plaisir de créer de jolis dessins. Pendant la réalisation du mandala, les moines vont se concentrer et méditer, c'est-à-dire qu'ils vont réfléchir à un sujet spirituel précis pendant quelques minutes ou quelques heures.
En somme, les mandalas leur servent de point de départ à la méditation. Ce sont des sortes de schémas qu'ils utilisent pour comprendre l'ordre du monde, pour se rapprocher de Dieu et pour chercher quelle est la place de l'humain dans ce monde.

© Hugo l'escargot

Mais finalement quelle est l'origine du Mandala ? 

Le Mandala est probablement originaire de Mésopotamie, une région du Moyen-Orient qui correspond à une grande partie de l'Irak actuel. Les Mésopotamiens construisaient des édifices religieux que l'on appelle des "ziggourats" dont les plans rappellent ceux de certains mandalas. Ces bâtiments étaient constitués de plusieurs terrasses qu'on atteignait en gravissant des marches. Cette ascension vers le ciel (où résident a priori les Dieux) était aussi un moment de méditation pour les mésopotamiens. Si, à l'origine, les mandalas ont été créés pour aider les hommes à se rapprocher des dieux afin de mieux comprendre leur message, désormais adultes et enfants les colorient bien souvent pour se détendre, pour s'isoler un moment du monde et réfléchir… à quoi ? Qui sait, peut-être à ce vaste univers qui les entoure !

© Hugo l'escargot

Autour du même sujet

Apprendre

Thèmes associés